mercredi 25 février 2015

Qui est plus proche de Dieu : un scientifique ou un expert en Halokhoh sans connaissance scientifique ?

ב״ה

Qui est plus proche de Dieu : un scientifique ou un expert en Halokhoh sans connaissance scientifique ?


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Les interdictions décrétées ces dernières années par des pseudos Gadhôlim amènent beaucoup de gens à s'interroger sur leurs compétences et connaissances, ainsi que sur leur légitimité. De nombreux ouvrages scientifiques, halakhiques ou traditionnels ont été interdits par ces pseudos Gadhôlim. Nous avons l'exemple des livres du Go`ôn de Wilno` ז״ל interdits par certaines communautés Hassidiques (car le Go`ôn a vigoureusement combattu la Hasidhouth. Voir l'article intitulé « Le combat du Go`ôn de Wilno` contre l'hérésie hassidique »)) ; nous avons les réactions ulcérées de certains Hasidhim rien que d'entendre quelqu'un citer le Mishnoh Barouroh (rédigé pourtant par le grand Hofés Hayim ז״ל, simplement parce qu'il était Litvaq et non Hosidh) ; nous avons l'interdiction d'étudier les sciences dites « profanes », ou de lire les livres scientifiques, ce qui provoque un débat entre la compatibilité de la science et la religion ; nous avons l'interdiction de nous intéresser à l'histoire autre que celle du peuple juif ; nous avons l'interdiction d'étudier autre chose que des sujets religieux (ce qu'on appelle « Koullô Qôdhash Uniquement du sacré »), etc. Toutes ces interdictions émises par ces pseudos Gadhôlim ne sont rien d'autres que politiques. Nous pouvons comprendre qu'ils voient ces livres (même rédigés par d'éminents rabbins des générations passées) comme une menace contre leur façon de penser et leur Judaïsme unique (et « nouveau », car en dépit des apparences, ce sont des doctrines neuves qui n'existaient pas avant et n'ont pas de base dans la Halokhoh) qu'ils tentent d'imposer à tous. Après tout, les Harédhim ont pris le pouvoir dans le Judaïsme actuel ! Et ils s'estiment avoir le droit d'imposer à tous leur version du Judaïsme et d'amener tout le monde à suivre leurs interdictions et innovations.

Tout cela nous amène à nous poser la question suivante : un grand expert halakhique, qui est à la tête de dizaines de milliers de fidèles et n'a jamais rien étudié de « profane » (et ne se mélange jamais au monde extérieur, sortant que très peu des frontières de son quartier Harédhi) a-t-il nécessairement la connaissance, l'expertise, l'autorité et la légitimité de nous dire si la compréhension que nous développons est correcte ou pas ? A-t-il les compétences de nous dicter quoi croire, comment croire, ce qu'on peut faire ou ne pas faire, etc. ? Le concept même d'un Godhôl ou de Gadhôlim qui auraient l'autorité d'imposer des jugements halakhiques sur l'ensemble du peuple juif est tout bonnement contraire au Judaïsme, lorsqu'on lit le Ramba''m ז״ל et de nombreux autres Ri`shônim. Mais quand bien même on serait d'avis qu'une telle autorité existerait, cet expert halakhique, qui ne connaît rien du monde et de ce qui provient d'en-dehors des livres de sa bibliothèque, a-t-il automatiquement le droit de trancher que quiconque ne croit pas aux innovations dont il fait la promotion est un Kôfér (mécréant) ?

Voici ce que le Ramba''m écrit dans le Môréh Navoukhim (Guide des Égarés) 1:34 :

Nous ne pouvons obtenir une connaissance de Lui qu'à travers Ses œuvres; Ses œuvres témoignent de Son existence, et montrent ce qu'on doit comprendre à Son sujet, c'est-à-dire, ce qui doit Lui être attribué, aussi bien de façon affirmative que négative. Il est donc indispensable de considérer tous les êtres tels qu'ils sont réellement, de sorte que nous déduisons de toutes les espèces les propositions vraies et bien établies qui peuvent nous aider à la solution des problèmes métaphysiques. Encore une fois, beaucoup de propositions fondées sur la nature des nombres et les propriétés des figures géométriques, sont utiles dans l'examen de choses que nous devrions refuser en référence à Dieu, et ce rejet va nous conduire à de nouvelles conclusions. Vous ne douteriez certainement pas de la nécessité d'étudier l'astronomie et la physique, si vous désiriez comprendre la relation entre le monde et la Providence Divine telle qu'elle est en réalité et non en fonction de l'imagination ... Par conséquent celui qui veut atteindre la perfection humaine, doit d'abord étudier la Logique, puis les diverses branches des mathématiques dans le bon ordre, puis la physique, et enfin la métaphysique.

Le Ramba''m exige que nous acquérions toutes les connaissances de la science à partir de ce qui nous entoure, à partir de ce qui, dans le langage actuel, est appelé « profane ». Si, dans le cadre de la curiosité naturelle d'un homme intelligent, on dirige son attention sur la compréhension de ce qui se cache derrière cet univers extraordinaire, précis et beau, cette personne a fait le tout premier pas dans la recherche de Dieu. Sans ces informations « scientifiques », le Dieu auquel quelqu'un pense et affirme croire ou avoir trouvé n'est rien d'autre que le produit de l'imagination. Et c'est la raison pour laquelle nos Sages des temps talmudiques étaient très intéressés par toutes les sciences profanes : la biologie, la physique, l'astronomie, les mathématiques, la botanique, etc., car toutes ces sciences ne font que nous rapprocher de Dieu et nous permettent de Le comprendre tel qu'Il est réellement. C'est cela qui faisait d'eux de vrais guides et lumières de notre peuple.

Dans le Môréh Navoukhim 3:51, le Ramba''m utilise une métaphore pour expliquer les différents niveaux et étapes de l'humanité par rapport à sa relation avec Dieu :

Un roi est dans son palais, et tous ses sujets sont en partie dans la ville, et en partie à l'extérieur. Parmi ceux qui sont dans la ville, certains ont le dos tourné vers le palais du roi, et leurs visages dans une autre direction; et certains sont désireux et zélés de se rendre au palais, cherchant à « enquêter dans son temple », et officier devant lui, mais n'ont même pas encore vu la face du mur du palais. Parmi ceux qui désirent se rendre au palais, certains l'atteignent, et font le tour, à la recherche de la porte d'entrée; d'autres ont passé la porte, et se promènent dans l'antichambre; et d'autres ont réussi à entrer dans la partie intérieure du palais, et se retrouvent dans la même pièce que le roi dans le palais royal. Mais même ces derniers, après être entrés dans le palais, n'ont pas immédiatement vu le roi, ou ne lui ont pas parlé; car, après avoir pénétré la partie intérieure du palais, un autre effort est nécessaire avant de pouvoir se présenter devant le roi, à distance, ou à proximité, entendre ses paroles, ou lui parler. Je vais maintenant expliquer la comparaison que j'ai faite. Les gens qui sont à l'extérieur de la ville sont tous ceux qui n'ont pas de religion, ni celle basée sur la spéculation, ni celle reçue par la tradition …

Ceux qui sont dans la ville, mais ont le dos tourné vers le palais du roi, sont ceux qui ont des opinions et sont engagés dans la spéculation, mais s'avèrent se tenir à de fausses doctrines, qu'ils ont soit adopté à la suite de grandes erreurs commises dans leurs propres spéculations, ou qu'ils ont héritées d'autres qui les ont trompés. En raison de ces doctrines, ils s'éloignent de plus en plus du palais royal au plus ils semblent avancer ....

Ceux qui cherchent à atteindre le palais, et à y entrer, mais ne l'ont encore jamais vu, sont la multitude des partisans de la loi; Je me réfère aux ignorants qui observent les commandements ...

Ceux qui arrivent au palais, mais en font le tour, sont ceux qui se consacrent exclusivement à l'étude de la loi pratique: ils croient traditionnellement en de vrais principes de la foi, et apprennent l'adoration pratique de Dieu, mais ne sont pas formés dans le traitement philosophique des principes de la loi, et ne cherchent pas à établir la vérité de leur foi par la preuve …

Ceux qui s'engagent à enquêter sur les principes de la religion sont venus dans l'antichambre: et il ne fait aucun doute que ceux-ci peuvent aussi être divisés en différentes catégories. Mais ceux qui ont réussi à trouver une preuve de tout ce qui peut être prouvé, qui ont une vraie connaissance de Dieu, aussi loin qu'une vraie connaissance peut être atteinte, et sont près de la vérité, là où une approche de la vérité est possible, ils ont atteint l'objectif, et sont dans le palais où le roi vit ...

Mon fils, aussi longtemps que tu es engagé dans l'étude des sciences mathématiques et de la logique, tu appartiens à ceux qui font le tour du palais à la recherche de la porte. C'est ainsi que nos Sages utilisent au sens figuré la phrase: « Ban Zômo` est toujours à l'extérieur ». Quand tu comprends la physique, tu es entré dans le hall; et quand, après avoir terminé l'étude de la philosophie naturelle, tu maîtrise la métaphysique, tu es entré dans la cour la plus profonde, et te trouve avec le roi dans le même palais. Tu as atteint le degré des hommes sages, qui comprennent des hommes de différentes qualités de perfection.

Dans cette fameuse métaphore, le Ramba''m place l'expert en Halokhoh qui ne connaît rien d'autre que les sujets religieux, et encore moins ce qui touche à la science, et qui ne s'intéresse pas à la spéculation philosophique (c'est-à-dire, la recherche et l'analyse des sagesses du monde, le fait de s'interroger sur les merveilles qui l'entoure), parmi ceux qui se trouvent à l'extérieur du palais et tournent autour. Ceux-là sont un niveau plus bas que ceux qui ont étudié les mathématiques et la logique, car les premiers marchent autour du palais, tandis que les derniers cherchent la porte. Cet expert en Halokhoh est deux niveaux plus bas que ceux qui comprennent la physique et trois niveaux plus bas que ceux qui spéculent (c'est-à-dire, méditent, discutent et réfléchissent) sur les choses métaphysique.

À l'évidence, être un expert en questions halakhiques ne fait pas automatiquement de quelqu'un un expert en théologie. Et cela se vérifie au quotidien avec les Rabbonim de notre époque (qui, lorsqu'ils sont Harédhim, font un procès en sorcellerie à quiconque étudie les sciences profanes, aurait une profession autre qu'enseignant dans une école religieuse, boucher, diamantaire, épicier, et toutes les autres professions « classiques » du monde Harédhi). Le Ramba''m, dans ses lettres, répète cette position à de nombreuses reprises, avec des preuves claires tirées du Talmoudh et du comportement de nos Sages. La conclusion est évidente. Quelqu'un qui est impliqué dans l'étude des sciences et essaie de les comprendre à partir de la perspective de notre théologie a plus de gravitas qu'un expert halakhique qui ne connaît rien des choses pratiques de la vie de tous les jours dans le monde extérieur, qui ne connaît rien du monde du travail, et ne connaît rien sur les sciences, et par conséquent, sur les créatures et la création de Dieu.


Et plus le peuple est ignorant, plus fort est leur emprise sur le peuple ! D'où les interdictions de l'Internet, de l'étude des sciences profanes, de l'interaction avec le monde extérieur, etc. Ce n'est pas de la religion, mais des méthodes de gourous assoiffés de renommé, de pouvoir, d'argent, qui prennent plaisir à être adorés par leurs pions ! (Car aujourd'hui, bon nombre de ces pseudos Gadhôlim sont tout bonnement devenus des idoles qu'on adore littéralement et à qui on attribue des attributs d'HaShem ית׳. Ces Gadhôlim sont devenus omniscients, infaillibles, sans péchés, etc., au point de ne même pas avoir honte de les consulter pour savoir quelle marque de chips il est préférable d'acheter, quelle longueur doivent avoir les chaussettes blanches, s'il faut mettre ou pas du poivre dans son plat de pâtes, etc. Évidemment, ce sont des hyperboles, mais nous n'en sommes pas loin... HaShem Yishmôr !)

lundi 23 février 2015

Les vêtements font l'homme de Dieu

בס״ד

Les vêtements font l'homme de Dieu

Rabbi Mikho`él Shalômoh Bar-Rôn

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Par Rabbi Mikho`él Shalômoh Bar-Rôn שליט״א.

Nous sommes durant la semaine de la Parashath Tasawwah (qui est prononcé « Tétsavèh par ceux qui ne sont pas initiés à la prononciation de l'Hébreu ancien), la Paroshoh qui traite des vêtements sacrés, la tenue qui distinguait le Kôhén (plus particulièrement le Kôhén Godôl) dans ses activités saintes. C'est donc une belle opportunité qui m'est offerte d'enseigner l'un des aspects de la Tôroh les moins bien connus : l'importance d'un habillement juif distinct.

Voici l'une des 613 Miswôth fondamentales de la Tôroh, dans Wayyiqro` (Lévitique) 18:3 :

Vous n'agirez point selon les œuvres du pays d’Égypte dans lequel vous avez demeuré, et vous n'agirez point selon les œuvres du pays de Canaan vers lequel Je vous conduis. Et vous ne marcherez pas dans leurs coutumes.
כמעשה ארץ מצרים אשר ישבתם בה לא תעשו וכמעשה ארץ כנען אשר אני מביא אתכם שמה לא תעשו ובחקתיהם לא תלכו

Ce qui suit est un résumé tiré du Mishnéh Tôroh sur de ce que dit la Tôroh Orale (la vraie Halokhoh) à propos de cette Miswoh :

Mishnéh Tôroh, Hilkhôth ´Avôdoh Zoroh Wahouqqôth Haggôyim 11:1
Il est défendu de marcher dans les coutumes des Gôyim, et de leur ressembler, que ce soit dans la tenue vestimentaire, la coupe de cheveux, ou ce qui est semblable, car il est dit1 : « Vous ne marcherez pas dans les coutumes de la nation », et il est dit2 : « Vous ne marcherez pas dans leurs coutumes », et il est dit3 : « Prends garde de te fourvoyer sur leurs traces » ; tous [ces versets] sont une mise en garde sur la même idée, qui est de ne pas leur ressembler. Au contraire, l'Israélite doit être séparé d’eux, et distinguable par sa tenue vestimentaire et autres pratiques, tout comme il est séparé d’eux dans ses conceptions et ses traits de caractère. De même, il est dit4 : « Je vous ai séparés des nations ».
אין הולכין בחוקות הגויים, ולא מידמין להן--לא במלבוש, ולא בשיער, וכיוצא בהן: שנאמר "ולא תלכו בחוקות הגוי", ונאמר "ובחוקותיהם, לא תלכו", ונאמר "הישמר לך, פן תינקש אחריהם". הכול בעניין אחד הוא מזהיר: שלא יידמה להן--אלא יהיה הישראלי מובדל מהן וידוע במלבושו ובשאר מעשיו, כמו שהוא מובדל מהן במדעו ובדעותיו. וכן הוא אומר "ואבדיל אתכם מן העמים

Dans le Séfar Hammiswôth (Miswoh Lô` Tha´asah n°30), nous apprenons que l'interdiction de copier les coutumes des Goyim ne se rapporte pas seulement à leurs coutumes actuelles, mais également à celles de leurs ancêtres. Certains prétendent que le Rambam זצ״ל aurait changé d'avis depuis sa jeunesse, quand il rédigea son Séfar Hammiswôth, car il a délibérément omis ce détail dans son Mishnéh Tôroh. Ainsi, le Juifs Hasidim et Lituaniens ayant adopté le style du chapeau feutre et de la redingote pourraient prétendre qu'aujourd'hui ils ont un style juif distinct, étant donné que le clergé chrétien a abandonné ce style vestimentaire pour d'autres modes d'habillement.

Pour moi, c'est tiré par les cheveux ! Je pourrais me tromper, mais je ne vois aucune raison de combattre ce qui semble clair : les Juifs ne doivent pas se vêtir dans des vêtements qui étaient propres aux Gôyim, que ce soit ceux du présent ou ceux du passé. (Remarque : Tout ce que je dis du mode vestimentaire Harédi est dit avec le plus profond respect pour les Harédim et leur [notre] dévotion ardente envers la Tôroh. Je m'identifie moi-même comme un Juif Harédi, je vis dans un quartier Harédi et mes enfants étudient dans une institution Harédi remarquable.)

Un de mes amis a partagé avec moi une perspective supplémentaire : les vêtements noirs [des Harédim)] calqués sur le style polonais et les chapeaux noirs et Shtreimels (et j'ajouterais à cela les tenues moulantes modernes des Juifs non-Harédim calquées sur les styles occidentaux) nous font paraître étrangers en Terre Sainte. C'est un habillement hostile au climat, et nous ressemblons à des oppresseurs étrangers qui n'appartiennent pas à ce continent, des étrangers importés d'Europe. Les Arabes nous le font souvent remarquer, comme le reste du monde. Remarquant nos styles vestimentaires non originaux, ils disent : « Vous voyez ? Ces Juifs sont venus et ont volé notre terre. Ils n'appartiennent pas à ce continent. Retournez en Europe ! »

Ce que je crois est que les Gôyim comprennent inconsciemment, quelque part profondément dans leurs âmes, une chose qui les peine grandement : ce n'est pas à cela que le « Royaume de prêtres et la sainte nation », le peuple d'Israël, est censé ressembler. Boroukh HaShem, je vois quelques signes de changements positifs en cours.

Comment donc est-ce que, idéalement, les Juifs devraient-ils s'habiller ? Croyez le ou pas, les traditions sur notre style vestimentaire n'ont pas complètement disparues. Nous pouvons encore les apprendre des Juifs d'Orient, dont quelques uns seulement les ont préservées jusqu'à ce jour. De mon propre arrière-arrière-arrière-grand-père, HoRov Yahoudoh HaLéwi de Dubrovnik (en Serbie), aux grands Hakhomim de Bagdad sur la photo ci-dessous, en passant par les Talmidéi Hakhomim du Yémen, la façon de s'habiller des hommes variait très peu :


Parmi nos guerriers, le style différait. Ci-dessous, une photo de Yahia Habbani de mémoire bénie, de la famille de Ya´aqôv Môshah (Awad bin Brihim), le père de l'estimé `Alouf `Abbir Mori Yahôshoua´ Sôfér שליט״א. Le défunt oncle est vêtu du style classique des Habbani, qui remonte à des millénaires :


Le `Alouf `Abbir lui-même, un spécialiste de l'habillement ancien au Proche-Orient, m'a enseigné une fois, au nom de son père (qui a actuellement plus de 100 ans. Puisse HaShem le préserver en bonne santé), qu'une photographie des Arabes il y a 100 ans serait presque identique à ce que les Yishmo`élim ressemblaient il y a 1000 ans, et même jusqu'aux temps du TaNaKh. Il en était de même au sein de son propre clan.

Peu importe le style, du Béith Midrosh au champ de bataille, à travers tout le Moyen-Orient, nous avons préservé notre style vestimentaire distinct. Si nous nous tournons vers la leçon que nous apprennent nos anciennes légendes orales (Midroshim), c'est un détail d'une grande importance : ce fut en partie par le mérite de notre loyauté infaillible envers notre mode d'habillement traditionnel hébreu qu'HaShem nous a délivrés d’Égypte. Les Sages décrétèrent même une bénédiction spéciale à réciter lorsque nous enveloppons nos turbans autour de la tête : ברוך אתה יי אלֹהינוּ מלך העולם עוטר ישראל בתפארה « Béni Tu es HaShem, notre Dieu, Roi de l'univers, Qui couronne [le peuple d']Israël de splendeur ». Le Talmoud Bavli (traité Barokhôth 60b) est clair, tout comme le Mishnéh Tôroh (Hilkhôth Tafilloh 7:4) : cette bénédiction se fait lorsqu'on « enroule son tissu [ou vêtement] sur la tête ». (Remarquez que le Talmoud et le Mishnéh Tôroh mentionnent tous deux des chapeaux à d'autres endroits. Mais cette bénédiction ne fut spécifiquement instituée que pour des couvre-chefs israélites authentiques.)

À présent, avant que vous ne vous rendiez auprès du tailleur le plus proche et ne vous découragiez rapidement en vous disant que vous risquez de perdre votre travail, vos amis, ou pire, demandons-nous ce qu'est la Halokhoh pratique. Aujourd'hui, l'habillement moderne est standardisé dans le monde entier en un « code vestimentaire » universel. De nos jours, la plupart des styles des vêtements propres aux Gôyim sont suffisamment bizarres que pour servir de costumes de Pourim.5 En outre, bien que nous avons maintenu un style distinct, la vérité est que les Juifs à travers les époques portaient ce qui leur paraissait approprié dans leurs entourages. Ma compréhension est, selon ce que j'ai reçu, que pour les hommes, à un niveau basique, tant que ce que nous portons est suffisamment pudique, que la Kippoh sur notre tête et les Sisith sur les côtés nous donnent une apparence clairement unique et distincte, cela remplit les critères de base de la Halokhoh.

Néanmoins, à mon humble avis (sans manquer de respect à ceux qui ne seront pas d'accord), il pourrait y avoir deux exceptions notoires à cette règle pour les hommes : le costume trois pièces et les pantalons moulants, plus particulièrement les jeans moulants. À l'inverse des costumes ordinaires, le costume trois pièces est un vêtement traditionnel également connu sous le nom de « 31 du Dimanche ». Ayant atteint sa forme actuelle au siècle dernier, il semble avoir été (dans sa culture d'origine) un vêtement spécial mis de côté par les Gôyim pour leur culte hebdomadaire du Dimanche. Quant aux pantalons moulants ou les jeans, à moins qu'on ne prenne plusieurs tailles au-dessus afin qu'ils pendent comme le style « gangster » (ce qui, en soi, constitue un style vestimentaire propre aux Gôyim), il est explicitement interdit dans le Talmoud pour un homme Juif d'en porter. D'après ma lecture du [Mishnéh Tôroh), le Rambam n'avait nulle besoin de le mentionner, car cela tombe dans l'interdiction générale d'imiter les coutumes non juives.

Quant à moi, je ne suis personnellement pas satisfait par le « code vestimentaire » universel. Mon âme aspire à plus. Cela me met mal à l'aise de savoir que durant plus de 3000 ans nos ancêtres, nos grands rabbins, prophètes et guerriers, avaient des styles vestimentaires juifs distincts et des coiffures distinctes que nous sommes prêt à si facilement abandonner en faveur des styles vestimentaires des yuppies et des centres commerciaux américains. Alors qu'en Terre Sainte les moines bouddhistes, les nonnes et les prêtres chrétiens Éthiopiens se promènent librement dans leurs vêtements traditionnels, moi, qui suis un Juif, je devrais me contenter des styles vestimentaires proposés par le magazine GQ, quand bien même ils seraient techniquement permis ?

Je puisse rarement dans le mysticisme pour la rédaction de mes articles6, mais cette fois-ci je ne peux pas me retenir de le faire. « Téfillin », par Aryéh Kaplan, est l'un des livres les plus inspirants que j'ai lus lorsque j'évoluais dans ma pratique de la Tôroh il y a quelques années d'ici. Dedans, Aryéh Kaplan de mémoire bénie écrit :

L'espace physique n'existe que dans le monde physique. Dans le domaine spirituel, il n'existe pas de concept de l'espace, comme nous le savons.

Néanmoins, nous parlons de choses comme étant proches ou éloignées dans le monde spirituel. Qu'est-ce que cela signifie ? Nous ne pouvons être en train de parler d'une distance physique, car il n'y a pas d'espace physique dans le domaine spirituel. Mais dans un sens spirituel, la proximité implique une ressemblance. Deux choses qui se ressemblent sont spirituellement proches. De l'autre côté, deux choses qui diffèrent sont éloignées dans un sens spirituel.

Il s'en suit que si nous désirons être spirituellement proches et semblables aux plus grands hommes de l'histoire, `Avrohom `Ovinou, Môshah Rabbénou, Dowid Hammalakh, Rébbi ´Aqivo`, etc., nous devons leur ressembler autant que possible. C'est évidemment premièrement et principalement dans nos actes : dans notre façon d'interagir avec les autres, dans notre façon de prier, dans notre façon d'étudier et pratiquer la Tôroh, dans notre façon de combattre. Mais c'est si difficile dans un monde mondain où nous sommes classés en catégories et limités par ceux qui nous entourent. Et pourtant, comme cela a été expliqué plus haut, c'est nous qui créons notre image, la façon dont nous sommes perçus, et qui, à un certain degré, provoquons ces catégorisations par notre façon de nous habiller, de couper nos cheveux, etc.

La raison première pour laquelle, dans le monde Harédi, les Juifs portent des chapeaux et costumes noirs, est la raison première pour laquelle j'essaies de m'habiller d'une façon plus hébraïque. Ils savent jusqu'à quel point le vêtement fait l'homme de Dieu. Rien qu'en passant devant une discothèque animée, un adolescent en chapeau et costume noir se sentira et réagira différemment d'un jeune homme en jeans portant sur sa tête une Kippoh de la taille de la moitié d'un billet. S'habiller d'une manière plus israélite peut avoir le même effet. La différence est que l'habillement noir lui donne le sentiment d'une arrivée européenne commencée il y a plus de 60 ans, un homme exilé sur sa propre terre.

En outre, comme j'en ai discuté plus haut, tout habillement autre que notre habillement ancestral nourrit un certain stéréotype négatif aux yeux des nations, pour qui nous sommes censés être « un royaume de prêtres et une sainte nation ». Que ce soit un petit pas comme porter un large Tallith tout en se relaxant et travaillant dans sa maison, poter un turban sur sa tête pour faire la prière du matin quand on est seul chez soi, ou opérer de grands changements comme laisser pousser sa barbe et ses Pé ôth, je le recommande vivement. Si vous faites le choix de porter les Tafillin ne serait-ce que pour un court instant en-dehors du cadre de la prière pour étudier un peu de Tôroh, vous accomplissez en fait la Miswoh biblique d'aspirer à être en Tafillin tout au long de la journée.

Que puisse prochainement arriver le jour où les Hôhanim se vêtiront quotidiennement de leurs vêtements sacerdotaux dans le Béith Hammiqdosh reconstruit et que le peuple d'Israël se vêtira des siens pour l'accomplissement de toutes les activités exigées par notre héritage ancestral. En attendant, puissions-nous augmenter à titre personnel notre conscience du type de peuple Divin que notre habillement traditionnel peut nous aider à devenir.

Môri Mikho`él Shalômoh Bar-Rôn.
1Wayyiqro` 20:23
2Ibid., 18:3
3Davorim (Deutéronome) 12:30
4Wayyiqro` 20:26
5À noter qu'en tant que Talmid HaRambam, le Rov Mikho`él Shalômôh Bar-Rôn est catégoriquement opposé au fait de se déguiser à Pourim. Il a écrit des articles clairs à ce sujet et a donné une interview à ce propos en 2010. C'est une pratique non juive qui n'a pas sa place dans notre religion. Bien que ses enfants soient dans une école Harédi où les élèves se déguisent chaque année pour Pourim, il a catégoriquement interdit à ses enfants de le faire, en leur expliquant clairement pourquoi cela était interdit.

6Les Talmidéi HaRambam rejettent le Zôhar et la prétendue « Qabboloh »

mercredi 18 février 2015

Parashath Taroumoh : Pour que les choses fonctionnent, il faut le bon timing

בס״ד

Parashath Taroumoh

Pour que les choses fonctionnent, il faut le bon timing !


La Parashath Taroumoh commence par l'ordre donné par HaShem aux Banéi Yisro`él de construire un Mishkon, un Temple temporaire qui servirait de site du culte sacrificiel jusqu'à la construction du Béith Hammiqdosh permanent de Yarousholayim ´Ir Haqqôdash quelques siècles plus tard.

Le Rambam זצ״ל, dans son Séfar Hammiswôth1 et dans son Mishnéh Tôroh2, cite l'ordre donné par HaShem concernant le Mishkon, mentionné dans notre Paroshoh3,וְעָשׂוּ לִי, מִקְדָּשׁ; וְשָׁכַנְתִּי, בְּתוֹכָם « Et ils Me feront un sanctuaire, et Je résiderai en eux », et déclare que c'est la source biblique de la Miswoh éternelle de construire un Temple.

Mais plus tard, dans le Mishnéh Tôroh, au début des Hilkhôth Malokhim Oumilhomôth, le Rambam cite un Posouq différent comme source de cette obligation4 : כִּי אִם-אֶל-הַמָּקוֹם אֲשֶׁר-יִבְחַר ה׳ אֱלֹהֵיכֶם, מִכָּל-שִׁבְטֵיכֶם, לָשׂוּם אֶת-שְׁמוֹ, שָׁם--לְשִׁכְנוֹ תִדְרְשׁוּ, וּבָאתָ שָּׁמָּה « Mais à l'endroit qu'HaShem, votre D.ieu, choisira entre toutes vos tribus pour y faire reposer Son Nom ; vous chercherez Sa demeure et c'est là que vous vous rendrez ». Dans ce Posouq, HaShem exhorte les Banéi Yisro`él à « chercher » le lieu d'élection du Miqdosh permanent et de veiller ensuite à ce que le Temple soit construit à cet endroit.

La question évidente qui se pose est : pourquoi est-ce que le Rambam choisit dans un contexte un Posouq tiré de la Parashath Taroumoh comme source de cette obligation, alors que dans un autre contexte il cite un Posouq tiré du Séfar Davorim ?

La réponse est très simple. Dans les Hilkhôth Malokhim Oumilhomôth le Rambam cite le Posouq tiré du Séfar Davorim, non pas comme source de l'obligation de construire un Temple, mais comme source d'un des détails relatif à la construction de ce Temple. Ce Posouq établit le fait que l'obligation de construire un Miqdosh permanent n'entre en vigueur qu'une fois que les Banéi Yisro`él seront entrés en `Aras Yisro`él et auront conquis le pays. En effet, le contexte de cette Halokhoh des Hilkhôth Malokhim Oumilhomôth se rapporte aux trois obligations imposées aux Banéi Yisro`él une fois le pays conquis :

  • se désigner un roi
  • faire la guerre à ´Amolaq, et
  • construire un Temple.

Tout naturellement, dans ce contexte, il cite une source biblique démontrant que l'obligation de construire un Miqdosh n'entrait en vigueur qu'à ce moment-là, et pas plus tôt. Par conséquent, il nous renvoie à ce Posouq tiré du Séfar Davorim, après lequel la Tôroh nous dit :

Davorim 12:10-11
Mais quand, le Yardén passé, vous serez fixés dans le pays qu'HaShem, votre D.ieu, vous donne en héritage; quand Il vous aura délivrés de tous vos ennemis d'alentour et que vous vivrez en sécurité, c'est alors, au lieu choisi par HaShem, votre D.ieu, pour y asseoir Sa résidence, c'est là que vous apporterez tout ce que je vous prescris: vos holocaustes et vos sacrifices, vos dîmes et vos offrandes, et tous les présents de choix que vous aurez voués à HaShem.
וַעֲבַרְתֶּם, אֶת-הַיַּרְדֵּן, וִישַׁבְתֶּם בָּאָרֶץ, אֲשֶׁר-ה׳ אֱלֹהֵיכֶם מַנְחִיל אֶתְכֶם; וְהֵנִיחַ לָכֶם מִכָּל-אֹיְבֵיכֶם מִסָּבִיב, וִישַׁבְתֶּם-בֶּטַח. וְהָיָה הַמָּקוֹם, אֲשֶׁר-יִבְחַר ה׳ אֱלֹהֵיכֶם בּוֹ לְשַׁכֵּן שְׁמוֹ שָׁם--שָׁמָּה תָבִיאוּ, אֵת כָּל-אֲשֶׁר אָנֹכִי מְצַוֶּה אֶתְכֶם: עוֹלֹתֵיכֶם וְזִבְחֵיכֶם, מַעְשְׂרֹתֵיכֶם וּתְרֻמַת יֶדְכֶם, וְכֹל מִבְחַר נִדְרֵיכֶם, אֲשֶׁר תִּדְּרוּ לַה׳

Ainsi, tandis que le Posouq tiré de notre Parashath Taroumoh introduit en des termes généraux l'obligation de construire un Temple, le Posouq tiré du Séfar Davorim établit le fait qu'un Miqdosh permanent ne devait être construit à la place du Mishkon temporaire qu'une fois que `Aras Yisro`él fut conquis et partagé entre les douze tribus, et que ce Miqdosh permament ne pouvait donc être construit n'importe où. Le peuple avait le devoir de chercher ce lieu jusqu'à ce qu'il l'ait trouvé, après quoi la construction pouvait commencer.

« Tôroh » signifie « instruction ». Il y a donc quelque chose de pratique à retirer de tout ce qu'elle nous dit. Quelle est donc la leçon de tout cela ? Il est instructif de voir que la Tôroh réserve une activité aussi sainte que la construction du Béith Hammiqdosh à un cadre temporel bien précis, plutôt que demander de commencer sa construction sur le champ, où aussi vite que possible. Il faudra attendre plusieurs siècles pour que le pays soit conquis et en paix sous les règnes de Dowid Hammalakh ע״ה et Shalômôh Hammalakh ע״ה pour que Dowid Hammalakh reçoive la révélation du site du Béith Hammiqdosh et que les travaux de construction ne commencent sous ordre de Shalômôh Hammalakh !

La Tôroh nous enseigne ici l'importance capitale du bon timing dans la vie religieuse ! On ne doit pas agir par coup de tête, ou simplement parce qu'on sent dans son cœur qu'il faut faire ceci ou cela, ou parce qu'on estime que les choses n'ont que trop durées, etc. Une mesure qui pourrait constituer un énorme acte de dévotion et de sainteté dans un contexte, peut être inutile, voire même inappropriée, à une autre occasion. Nous avons un exemple concret avec les espions qui, après que le décret d'errance dans le désert pour quarante ans fut promulgué par HaShem, firent Tashouvoh et pensèrent que cette Tashouvoh leur donnait à présent le droit de monter en `Aras Yisro`él. Malgré que Môshah Rabbénou ע״ה les prévint que c'était trop tard, que puisqu'ils avaient refusé de monter dans le pays dans le timing d'HaShem, ils ne parviendraient pas à conquérir le pays. Et leur tentative de monter en Terre Sainte se termina en débandade ! Il en fut de même avec les Banéi `Afrayim, qui quittèrent l’Égypte trop tôt, avant le reste des Israélites, et furent massacrés en masse par les habitants du pays. Tout est une question de bon timing, même quand notre désir est saint !

La construction du Béith Hammiqdosh et le retour des exilés, qui sont annoncés dans les Écritures et pour lesquels nous prions trois fois par jour dans la ´Amidoh, font certainement partie de nos aspirations les plus intenses. Et pourtant, la Tôroh a insisté sur un cadre temporel bien précis pour leur réalisation. Avant de nous embarquer dans des projets importants, on doit au préalable s'assurer de trois choses :

  1. on doit être certain de la valeur inhérente de l'effort que l'on désire accomplir
  2. on doit déterminer si le timing est approprié, s'il colle bien avec le cadre et le contexte actuel des événements
  3. on doit objectivement déterminer si les conditions sont remplies pour l'entreprise d'un tel projet.

Tout contexte n'est pas souhaitable ou approprié pour amener la Shakhinoh à se révéler au milieu de nous par l'intermédiaire de la construction d'un Mishkon, d'un peuplement de la Terre Sainte, etc. De même, des objectifs pouvant être appropriés dans certains cadres pourraient ne pas l'être dans d'autres. Et même des désirs qui sont admirables en eux-mêmes doivent être soigneusement pesés pour déterminer leur pertinence avec les circonstances qui prévalent !
1Miswoh ´Aséh n°20
2Hilkhôth Béith Habbéhiroh 1:1
3Shémôth 25:8

4Davorim 12:5

lundi 16 février 2015

L'obligation du Qiddoush pour les femmes

בס״ד

L'obligation du Qiddoush pour les femmes


Peu de gens le savent, mais l'obligation du Qiddoush à Shabbôth incombe autant aux hommes qu'aux femmes et de la même manière. Le vendredi soir, les hommes et les femmes ont un commandement de la Tôroh de réciter ou d'écouter le Qiddoush.

La Miswoh de Qiddoush est, à cet égard, exceptionnelle, car les femmes sont généralement exemptées des מצוות עשה שהזמן גרמא « Miswôth ´Aséh Shahazzéman Garomo` – Commandements positifs dépendant du temps », c'est-à-dire, des Miswôth dont la mise en application est limitée dans le temps ou doit s'accomplir à des moments bien précis. Évidemment, le Qiddoush ne s'applique qu'à Shabbôth. C'est donc une Miswoh ponctuelle, qui ne se réalise qu'à des moments bien précis. Nous aurions, par conséquent, pu supposer que les femmes sont exemptées de cette obligation.

La raison pour laquelle les femmes sont néanmoins incluses dans la Miswoh de Qiddoush découle de l'enseignement de nos Sages selon qui les deux commandements de base du Shabbôth, à savoir, שמור « Shomôr – souviens-toi » et זכור « Zokhôr – garde » le jour du Shabbôth pour le sanctifier, furent donnés ensemble, en une seule parole. « Zokhôr » fait référence à la Miswoh de prononcer des paroles sur la sainteté du Shabbôth, ce qu'on appelle le קידוש « Qiddoush », tandis que « Shomôr » fait référence à l'obligation de respecter les interdictions relatives au Shabbôth, c'est-à-dire, les 39 travaux interdicts à Shabbôth que l'on appelle מלאכות « Mal`okhôth ». Étant donné que « Shomôr » fut prononcé en même temps que « Zokhôr » par la bouche d'HaShem י״ת, le Talmoud explique que toute personne qui a l'obligation de « Shomôr » a donc également l'obligation de « Zokhôr ». Par conséquent, puisque les femmes ont tout autant l'obligation que les hommes de s'abstenir des 39 Mal`okhôth, elles sont elles aussi incluses dans l'obligation du Qiddoush.

Étant donné que les femmes ont le même degré d'obligation que les hommes concernant la Miswoh de Qiddoush, une femme peut réciter le Qiddoush pour un homme afin de l'acquitter de son devoir. Bien qu'il ne soit pas de coutume que les femmes récitent le Qiddoush afin d'acquitter des hommes, si une homme, pour quelque raison que ce soit, ne peut pas réciter le Qiddoush, comme dans le cas où il est, Hos WaSholôm, malade, une femme peut réciter le Qiddoush pour lui, et il sera ainsi acquitté de son obligation à travers elle.

Cela s'applique même si cette femme a déjà récité ou écouté le Qiddoush au préalable ce Shabbôth-là, et a donc déjà accompli son obligation ; elle peut le réciter à nouveau pour acquitter d'autres personnes qui n'ont pas encore récité ou écouté le Qiddoush, y compris des hommes. La base de cette Halokhoh est le concept de ערבות « ´Arvouth – responsabilité ». Le principe selon lequel כל ישראל ערבים זה לזה « Kol Yisro`él ´Arévim Zah Lozzah – tous les Israélites sont responsables les uns les autres » établit que même lorsqu'un Israélite a accompli une Miswoh, il n'a pas complètement satisfait à son obligation tant qu'il sait que d'autres Israélites n'ont pas pu accomplir cette Miswoh. Par conséquent, si, par exemple, quelqu'un a déjà écouté sonner le Shôfor à Rô`sh Hashonoh, il peut néanmoins ensuite sonner le Shôfor pour quelqu'un d'autre qui n'a pas encore écouté sonner le Shôfor ce jour-là. Même si quelqu'un a sonné le Shôfor cent fois à Rô`sh Hashonoh, il peut sonner une cent et unième fois pour quelqu'un d'autre qui accomplira son obligation à travers lui. Il en est de même pour la lecture de la Magilath `Astér à Pourim : quelqu'un peut lire la Magilloh une dizaine de fois durant la journée de Pourim si c'est pour acquitter ceux qui ne l'ont pas encore lue ou qui ne savent pas la lire. Bien qu'il ait déjà accompli son obligation de lire la Magilloh, son accomplissement est incomplète tant que d'autres Israélites, qu'il a le pouvoir d'acquitter, n'ont pas accompli leur obligation. Il est par conséquent qualifié pour lire la Magilloh en faveur des autres, peu importe combien de fois il l'a déjà lue cette journée-là !

Cela s'applique également au Qiddoush : une même persone peut réciter le Qiddoush en faveur des autres autant de fois que cela sera nécessaire, quand bien même elle aurait déjà accompli sont obligation, à cause du concept de ´Arvouth. Le concept de ´Arvouth inclut à la fois les hommes et les femmes, sans discrimination. Par conséquent, une femme qui a déjà récité ou écouté le Qiddoush peut le réciter à nouveau pour un homme qui ne l'a pas encore récité, ou n'est pas en mesure de le faire.


Comme cela a été mentionné plus haut, il n'est pas de coutume pour une femme de réciter le Qiddoush en faveur d'un homme. Néanmoins, cette Halokhoh met en avant le fait que les femmes ont exactement la même obligation que les hommes vis-à-vis de la Miswoh du Qiddoush. Il est important de le signaler, étant donné que beaucoup de femmes considèrent le Qiddoush comme « une Miswoh d'hommes » et ne font donc pas l'effort d'écouter attentivement leurs maris lorsque ceux-ci récitent le Qiddoush. Or, puisque les femmes ont exactement la même obligation que les hommes dans la Miswoh de Qiddoush, elles se doivent d'écouter attentivement le Qiddoush récité par leurs maris, car elles ne seront alors pas du tout quitte de leur obligation. Une femme qui croit que c'est une Miswoh d'hommes et n'écoute pas, transgresse lorsqu'elle boit le vin, car n'ayant pas écouté elle ne s'est pas acquittée de son devoir. Elle devra donc refaire elle-même le Qiddoush pour s'acquitter.

mercredi 11 février 2015

« un œil contre un œil »

ב״ה

« un œil contre un œil »


Cet article peut être téléchargé ici.

L'un des passages les connus de la Tôroh est celui-ci1 :

Un œil contre un œil, une dent contre une dent, une main contre une main, un pied contre un pied, une brûlure contre une brûlure, une blessure contre une blessure, un coup contre un coup.
עַיִן תַּחַת עַיִן, שֵׁן תַּחַת שֵׁן, יָד תַּחַת יָד, רֶגֶל תַּחַת רָגֶל. כְּוִיָּה תַּחַת כְּוִיָּה, פֶּצַע תַּחַת פָּצַע, חַבּוּרָה, תַּחַת חַבּוּרָה

Les non Israélites appellent faussement cela la « loi du talion ». À première vue, le texte semble clairement parler de punitions corporelles et de vengeance. Mais d'après la Halokhoh et l'interprétation de nos Sages de mémoire bénie, il parle plutôt de compensations financières.

Le Ramba''m ז״ל formule la Halokhoh au Chapitre 1 des Hilkôth Hôvél Oumazziq (lois relatives à la blessure et au dédommagement) de son Mishnéh Tôroh :

1. Celui qui blesse son coreligionnaire est condamné à lui payer cinq choses : le dommage, la douleur, le traitement médical, le chômage2, et la honte [ressentie par la victime].
א  הַחוֹבֵל בַּחֲבֵרוֹ, חַיָּב לְשַׁלַּם לוֹ חֲמִשָּׁה דְּבָרִים--נֶזֶק, וְצַעַר, וְרִפּוּי, וְשֶׁבֶת, וּבֹשֶׁת
2. « Le dédommagement » : de quoi s'agit-il ? S'il a coupé la main de son coreligionnaire, ou son pied, nous considérons [théoriquement ce dernier] comme un esclave vendu au marché [aux esclaves] et évaluons sa valeur avant [la blessure] et sa valeur depuis [la blessure], et celui qui a causé la blessure doit payer la dévalorisation de sa valeur, car il est dit3 « un œil contre un œil, etc. ». De tradition orale, ils nous ont appris que « contre » signifiait qu'il faut payer de l'argent.
ב  נֶזֶק כֵּיצַד: שְׁאִם קָטַע יַד חֲבֵרוֹ, אוֹ רַגְלוֹ--רוֹאִין אוֹתוֹ כְּאִלּוּ הוּא עֶבֶד נִמְכָּר בַּשּׁוּק, כַּמָּה הָיָה יָפֶה וְכַמָּה הוּא יָפֶה עַתָּה; וּמְשַׁלֵּם הַפְּחָת שֶׁהִפְחִית מִדָּמָיו: שֶׁנֶּאֱמָר "עַיִן תַּחַת עַיִן..." --מִפִּי הַשְּׁמוּעָה לָמְדוּ שֶׁזֶּה שֶׁנֶּאֱמָר "תַּחַת", לְשַׁלַּם מָמוֹן הוּא

Comment le Ramba''m justifie-t-il l'apparente déviation du sens simple et littéral du texte ? Il dit ici que la Halokhoh peut être déduite du mot תַּחַת « Tahath », que nous avons traduit par « contre », mais il n'explique pas concrètement comment déduire cela à partir de ce mot.

Ensuite, le Ramba''m passe à un autre passage de la Tôroh qui semble sous-entendre des punitions corporelles :

3. Voici ce qui est dit dans la Tôroh [au verset suivant]4 : « tout comme il a causé une blessure chez un homme, ainsi on lui en causera une ». Cela ne veut pas dire qu'il faille blesser celui-ci comme il a blessé son coreligionnaire. Plutôt, [cela signifie] qu'il mériterait de perdre un membre ou qu'on le blesse comme ce qu'il a fait, et par conséquent il lui paie une compensation financière. Et voici ce qui est dit5 : « et tu ne prendras pas une compensation financière pour celui qui a commis un meurtre ». [C'est-à-dire,] c'est uniquement dans le cas d'un meurtre qu'il n'y a pas de compensation financière. Mais pour la perte des membres [du corps] ou des blessures, il y a une compensation financière !
ג  זֶה שֶׁנֶּאֱמָר בַּתּוֹרָה "כַּאֲשֶׁר יִתֵּן מוּם בָּאָדָם, כֵּן יִנָּתֶן בּוֹ" --אֵינוּ לַחְבֹּל בְּזֶה כְּמוֹ שֶׁחָבַל בַּחֲבֵרוֹ, אֵלָא שְׁהוּא רָאוּי לְחַסְּרוֹ אֵבֶר אוֹ לַחְבֹּל בּוֹ כְּמוֹ שֶׁעָשָׂה; וּלְפִיכָּךְ מְשַׁלֵּם נִזְקוֹ. וַהֲרֵי הוּא אוֹמֵר "וְלֹא-תִקְחוּ כֹפֶר לְנֶפֶשׁ רֹצֵחַ", לָרוֹצֵחַ בִּלְבָד הוּא שְׁאֵין כֹּפֵר; אֲבָל לְחֶסְרוֹן אֵבָרִים אוֹ לְחַבְלוֹת, יֵשׁ כֹּפֶר

Ici, le Ramba''m rapporte un résumé bref et clair d'une des Daroshôth que l'on retrouve dans le Talmoudh6, arguant que le passage tiré de Wayyiqro` 24 ne sous-entend pas du tout une punition corporelle. Comme le fait remarquer le Laham Mishnéh, cela ne fait que démontrer qu'une compensation financière est permise dans des cas autre que le meurtre, mais cela ne démontre pas qu'une punition corporelle soit interdite.

C'est pourquoi, le Ramba''m poursuit son analyse et fournit enfin la preuve irréfutable qui démontre que « un œil contre un œil » n'implique pas, et ne sous-entend pas, une punition corporelle :

5. Et quelle est la source [pour affirmer] que ce qui est dit concernant les blessures, « un œil contre un œil », se réfère aux compensations ? Car il est dit7 : « un coup contre un coup ». Or, il est explicitement dit8 : « Lorsqu'un homme frappe son prochain avec une pierre ou un poing...Toutefois, il paiera son chômage et les frais de guérison ». Tu apprends donc que [le mot] « contre », qui est mentionné concernant un coup, se réfère à un paiement. Et la règle est la même pour le [mot] « contre » mentionné concernant un œil et le reste des membres [du corps].
ה  וּמְנַיִן שֶׁזֶּה שֶׁנֶּאֱמָר בָּאֵבָרִים "עַיִן תַּחַת עַיִן ...", תַּשְׁלוּמִין הוּא--שֶׁנֶּאֱמָר "חַבּוּרָה, תַּחַת חַבּוּרָה", וּבַפֵּרוּשׁ נֶאֱמָר "וְכִי יַכֶּה-אִישׁ אֶת-רֵעֵהוּ, בְּאֶבֶן אוֹ בְאֶגְרֹף ... רַק שִׁבְתּוֹ יִתֵּן, וְרַפֹּא יְרַפֵּא". הַא לָמַדְתָּ שֶׁ"תַּחַת" שֶׁנֶּאֱמָר בְּחַבּוּרָה תַּשְׁלוּמִין, וְהוּא הַדִּין לְ"תַחַת" הַנֶּאֱמָר בָּעַיִן וּבִשְׁאָר אֵבָרִים

C'est là encore le résumé d'une Daroshoh rapportée dans le Talmoudh.9 Il est une chose classique dans la littérature rabbinique de commencer par des arguments réfutables pour finir par des arguments irréfutables. Dans Shamôth 21:18-19, quelques versets à peine avant le fameux « un œil contre un œil, une dent contre une dent, etc. », la Tôroh avait déjà clairement établi que dans le cas d'un coup porté contre son prochain, il fallait que l'agresseur verse une compensation financière pour l'incapacité de travail et les frais médicaux. Par conséquent, lorsque six versets plus loin la Tôroh affirme חַבּוּרָה, תַּחַת חַבּוּרָה « un coup contre un coup », il ne peut s'agir que d'une compensation financière, et non d'une exhortation à donner à l'agresseur le même coup qu'il avait porté contre sa victime ! S'il en est ainsi s'agissant d'un coup, il en est alors de même lorsque la Tôroh déclare : « Un œil contre un œil, une dent contre une dent, une main contre une main, un pied contre un pied, une brûlure contre une brûlure, une blessure contre une blessure, un coup contre un coup ». Dans tous ces cas, cela signifie seulement que l'auteur du coup, de la blessure ou de la brûlure, devra payer pour tous les dégâts causés, car en payant il va se rendre compte de la valeur du membre du corps qu'il a endommagé. « Un œil contre un œil » signifie donc que pour un œil endommagé, c'est comme si l'agresseur paiera un œil neuf (les frais médicaux, l'opération, le nombre de jours que la personne n'a pas pu travailler à cause de son œil endommagé, etc.).

Il n'existe donc pas, contrairement à ce qu'affirment les ignorants, une « loi du talion » dans le Judaïsme ! Et mentionnons au passage que la vengeance est strictement interdite dans la Tôroh, qui nous enseigne que la vengeance n'appartient qu'à Dieu seul. C'est Lui seul qui décide et applique la vengeance, comme il est écrit10 : לִי נָקָם וְשִׁלֵּם, לְעֵת תָּמוּט רַגְלָם: כִּי קָרוֹב יוֹם אֵידָם, וְחָשׁ עֲתִדֹת לָמוֹ « À Moi la vindicte et les représailles à l'heure où leur pied doit glisser; car il approche, le jour de leur catastrophe, et l'avenir accourt sur eux ! ». Ainsi, lorsqu'un homme a commis un crime pour lequel des hommes ne l'ont pas puni, il n'appartient pas aux hommes de se faire justice eux-mêmes. Lorsque les hommes ne punissent pas les crimes et les criminels, viendra un jour où HaShem ית׳ Lui-même se chargera de cela. C'est ainsi que nos Sages disent que quelqu'un qui a tué mais a échappé à la justice des hommes, il se pourrait très bien qu'un jour, en faisant des travaux sur le toit de sa maison, il en tombe, se brise la nuque, et meurt. Pour certains, ce pourrait n'être qu'un accident, une coïncidence, mais c'est en fait le jugement Divin. C'est ce que nous appelons « la mort par la main des Cieux ».

Par conséquent, lorsqu'on a été blessé à l’œil, il est interdit de se venger en blessant aussi l’œil de notre agresseur ou en envoyant des amis pour le passer à tabac ! On doit passer par la justice des hommes et réclamer qu'il paie pour les dégâts qu'il nous aura causés. Et s'il arrive qu'il a échappé à la justice des hommes et n'a pas été condamné à verser des compensations financières, l'affaire sera alors prise en charge par HaShem Lui-même, qui peut soit appliquer Sa vengeance dans ce Monde-ci, ou dans le Monde-à-Venir, voire dans les deux !

1Shamôth 21:24-25
2C'est-à-dire, le nombre de jours où il n'a pas pu aller travailler
3Shamôth 21:24 ; Wayyiqro` 24:20
4Wayyiqro` 24:20
5Bamidhbor 35:31
6Bavo` Qammo` 83b
7Shamôth 21:25, le verset qui vient juste après
8Ibid., 21:18-19
9Bavo` Qammo` 83b

10Davorim 32:35
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